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Les druides du Médoc.

Dernière mise à jour : 9 août 2023


Source d'eau druidique entourée d'un muret circulaire à Saint-Laurent-de-Médoc en Gironde
Fontaine de Bernos à Saint-Laurent-de-Médoc
La première fois que j’ai entendu parler des druides (hormis à l’école), c’était quand j’habitais dans le Médoc (Gironde), il y a un peu plus de 20 ans. J’ai alors suivi une piste que je n’ai jamais lâchée…




Premiers pas...

Habitant Listrac-Médoc depuis peu de temps (1999), je voulais m’instruire sur l’histoire de la région. Internet n’existait pas encore, donc j’allais dans les bibliothèques, les librairies et je peinais à trouver autre chose que l’histoire des vins et des châteaux. C’était comme si, avant la transition viticole du Médoc, rien n’avait existé.


Mais un jour, chez un bouquiniste (lieu de ravissement de l’âme et d’amaigrissement du porte-monnaie), je tombais sur un livre de Jean Germain : « Histoire et histoires du MEDOC » (1). Ce n’est pas un livre d’académicien, juste un passionné qui a rassemblé ses connaissances sur la région. Mais la base était intéressante. L’auteur y raconte sa rencontre avec le druide Tal Houarn (Tête de fer), alias Louis Béranger. Surprise par le fait que les druides aient pu habiter en Gironde et qu’il ait pu en exister encore à une époque récente, fascinée par le récit qu’il en fait, et curieuse de découvrir les lieux qu’il mentionnait dans l’ouvrage, ce fut le début d’une quête qui me porte encore aujourd’hui.


Le druide Tal Houarn


Tal Houarn (1871-1957) est devenu druide en 1928, il parlait le français et le breton mais habitait Bordeaux lorsque Jean Germain l’a rencontré en 1950. Voici comment il décrit le Médoc : « En ce temps-là, notre Médoc était habité par les Bituriges Vivisques et je te transmets les souvenirs que mon père tenait de son père, lequel les tenait du sien et ainsi depuis le commencement. C’était le domaine heureux de nos ancêtres les Gaulois, sous la conduite bénéfique de nos prêtres les druides. Regarde autour de toi, tout respire encore notre vie d’alors, même les armées de César n’avaient pu entamer notre foi ni effacer notre religion... /… Notre Dieu s’appelait Teutatès, et notre Reine Epona. Le Grand-Prêtre les invoquait dans les cas désespérés et notre peuple ne craignait aucun danger – notre pays ne connaissais pas la guerre. » C’est une vision peut-être un peu romantique mais effectivement, en ces temps, le Médoc fut prospère. La métallurgie y était pratiquée depuis longtemps, le commerce par la terre, la mer et le fleuve était aisé, la culture de la vigne était déjà présente avant l’arrivée des romains qui y ont vu des intérêts.


Des lieux à redécouvrir


Tal Houarn évoque aussi certains lieux que j’ai parfois retrouvés. La fontaine de Bernos à Saint-Laurent-de-Médoc (2) est encore actuellement décrite comme une fontaine druidique. Le lieu est enchanteur, en bordure d’un tout petit bois, la source ferrugineuse émerge dans un large bassin rond enceint d’un muret de pierres s’ouvrant par une porte voûtée par laquelle l’eau s’écoule. J’ai trouvé d’autres lieux évoqués par Tal Houarn, qui ont parfois gardé leur nom mais quelques-uns ont été malheureusement malmenés, pollués, transformés et certains d’entre eux sont difficiles à retrouver. Au cours de mes recherches, j’ai aussi pu découvrir des lieux archéologiques magnifiques et peu ou pas mis en valeur, certains même, abandonnés et à moitié démolis malgré l’étonnante richesse. Même si ce sont, pour la plupart, des vestiges romains qui me passionnaient moins, j’ai trouvé bien triste que cela ne soit pas mieux conservé.


Le musée de Soulac


Enseigne gauloise en laiton représentant un sanglier découverte à la plage de l'Amélie à Soulac en Gironde, musée d'art et d'archéologie de Soulac
Enseigne gauloise de Soulac-sur-Mer

Enfin, j'ai visité le Musée d'Art et d'Archéologie de Soulac-sur-Mer. Un lieu à visiter si vous allez à Soulac (quand il sera réouvert) car il expose notamment une magnifique enseigne gauloise en laiton découverte sur la plage de l’Amélie toute proche. Il faut vous dire qu’à chaque tempête, les plages de Gironde reculent un peu car la dune s’écroule et c’est là que les archéologues peuvent avoir la chance de retrouver des artefacts parfois étonnants des temps anciens.




Ainsi, le Médoc était une région gauloise prospère et paisible où l’on peut encore trouver quelques lieux qui ont conservé leur âme. Des fontaines, des bois, qui, malgré l’histoire ultérieure tumultueuse de cette région et l’extension de l’industrie viticole, ont pu perdurer.


Sylvie Honoré


Bibliographie :


(1)- Jean Germain. HISTOIRE & histoires du MEDOC, Editions Les Nouveaux Cahiers, juillet 1985.


(3)- Musée d'Art et d'Archéologie de Soulac-sur-Mer, 1 Boulvard El Burgo de Osma, 33780 Soulac-sur-Mer. 05 56 09 83 99 - Attention, le musée est fermé pour la saison 2023 pour des raisons de travaux de mise en conformité.

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